Rouler derrière un camion fait-il vraiment économiser du carburant ?

Rouler derrière un camion pour réduire sa consommation de carburant, c’est une idée qui intrigue de nombreux conducteurs. Certains y voient une astuce futée, d’autres une pratique risquée. Alors, mythe ou réalité ? Voyons ce que disent les faits scientifiques, les règles du code de la route, les impacts environnementaux et les experts en sécurité.

Comment fonctionne l’effet d’aspiration derrière un camion ?

Lorsqu’un véhicule roule, il repousse l’air devant lui et crée une zone de basse pression à l’arrière. Cette traînée aérodynamique augmente avec la vitesse. En se plaçant dans cette zone, une voiture profite de la dépression créée par le camion, ce qu’on appelle « l’effet d’aspiration » ou « drafting ».

Des tests en soufflerie ont montré que la résistance de l’air peut baisser jusqu’à 40 % à 30 mètres d’un camion. Plus on se rapproche, plus la traînée diminue, et la consommation aussi. À seulement trois mètres, la réduction peut atteindre 90 %. C’est un gain considérable, mais obtenu dans des conditions impossibles à reproduire sans danger sur route ouverte.

Les chercheurs rappellent que la traînée dépend du coefficient aérodynamique du véhicule, de sa surface frontale et de la vitesse. Autrement dit, une citadine bien profilée bénéficiera un peu moins de l’aspiration qu’un SUV, mais l’effet existe. C’est d’ailleurs ce principe qui inspire la formation en « V » des oiseaux migrateurs ou les trains de camions connectés appelés « platooning ». Ces phénomènes sont parfois cités dans les formations à l’éco-conduite] pour expliquer comment l’aérodynamique influence la consommation.

L’aspiration permet-elle vraiment d’économiser du carburant ?

Certains automobilistes affirment gagner jusqu’à 20 % d’autonomie en suivant un camion. Pourtant, cette économie repose sur une distance beaucoup trop courte pour être sûre. À 110 km/h, un véhicule parcourt environ 30 mètres par seconde. Si un camion freine brusquement, le conducteur qui suit à dix mètres n’a même pas le temps de réagir. Le délai humain moyen est d’une seconde. Cela suffit pour transformer l’expérience en accident grave.

La sécurité routière rappelle que l’effet d’aspiration n’est pas conçu pour la circulation quotidienne. Les tests qui le prouvent ont été menés en conditions contrôlées, avec des instruments de mesure et des pilotes entraînés. Sur autoroute, le moindre obstacle projeté par le camion (un pneu éclaté, une pierre ou un morceau de métal) peut briser un pare-brise ou causer une perte de contrôle. Ce comportement viole aussi les règles de distances de sécurité imposées par le Code de la route.

Les spécialistes notent aussi que la visibilité est quasi nulle. Le conducteur suiveur ne voit ni la route ni les panneaux. En cas de changement brutal de voie du poids lourd, il n’a aucune marge de manœuvre. Résultat : l’économie d’essence devient vite une prise de risque disproportionnée.

Que dit la loi sur la conduite trop proche des camions ?

Le Code de la route français est clair : chaque conducteur doit maintenir une distance d’au moins deux secondes avec le véhicule qui le précède. À 110 km/h, cela représente environ 60 mètres. Ne pas respecter cette règle constitue une infraction passible d’une amende et d’un retrait de points.

Les autorités insistent sur le fait que la distance de sécurité n’est pas une option. Elle permet de compenser le temps de réaction et d’éviter les collisions en chaîne. Même avec un véhicule moderne doté d’un régulateur adaptatif, la loi reste la même. Les systèmes d’assistance au freinage peuvent réduire le risque, mais ils ne remplacent pas la vigilance. Le respect de cette distance est aussi un pilier des pratiques d’économiser sur les factures de carburant, car une conduite fluide évite les accélérations brutales et optimise le rendement moteur.

Suivre de trop près un camion expose aussi à d’autres problèmes : perte du champ de vision, difficulté à anticiper les dépassements et fatigue accrue du conducteur. Ces comportements sont d’ailleurs surveillés sur autoroute par des radars capables de mesurer la distance entre les véhicules.

Quelles sont les vraies solutions pour consommer moins de carburant ?

L’aérodynamique influence fortement la consommation d’un véhicule. Les chercheurs estiment qu’entre 50 et 60 % de l’énergie du carburant sert uniquement à vaincre la résistance de l’air à haute vitesse. Réduire cette traînée est donc logique, mais pas à n’importe quel prix.

Pour mieux comprendre les facteurs qui influencent la consommation, voici un récapitulatif clair :

Facteurs d’économie	Gain estimé	Niveau de risque
Suivre un camion de près	20 à 40 %	Très élevé
Suivre à distance légale	0 à 5 %	Faible
Conduite souple et pneus bien gonflés	5 à 15 %	Nul

Rouler derrière un camion à distance dangereuse permet certes d’abaisser la consommation, mais les gains réels à distance légale sont minimes. En revanche, l’entretien régulier, la bonne pression des pneus sous-gonflés et une vitesse stable offrent des résultats mesurables et sûrs. Par exemple, réduire sa vitesse de 10 km/h sur autoroute peut faire baisser la consommation de 10 %.

Les études montrent aussi qu’un style de conduite fluide et anticipatif permet d’économiser plusieurs litres de carburant par plein. Ces pratiques, appelées éco-conduite, sont encouragées par les constructeurs et les assureurs. Elles limitent l’usure mécanique, réduisent les émissions de CO₂ et préservent la sécurité des passagers. Elles permettent également de mieux absorber les hausses du prix de l’essence.

Pour compléter ces informations, voici une courte liste des méthodes simples et efficaces pour consommer moins sans danger :

• Maintenir une vitesse stable sur autoroute.
• Vérifier la pression des pneus chaque mois.
• Réduire le poids du véhicule.
• Éviter les accélérations et freinages brusques.

Ces gestes d’éco-conduite sont beaucoup plus efficaces sur le long terme et ne présentent aucun risque pour le conducteur.

Que disent les experts de la sécurité et de l’assurance auto ?

Les assureurs considèrent le non-respect des distances de sécurité comme un facteur aggravant en cas d’accident. Si un véhicule percute un camion faute d’espace suffisant, la responsabilité du conducteur est quasi totale. Ce type d’accident est souvent grave, car l’avant du véhicule léger passe sous la remorque. Les conséquences humaines et matérielles sont dramatiques.

Les rapports officiels soulignent que les collisions par l’arrière représentent une part importante des sinistres sur autoroute. Elles surviennent souvent lors d’un manque d’attention ou d’un suivi trop rapproché. Les assureurs encouragent donc la prudence et l’application stricte des distances légales. En cas de non-conformité, certaines compagnies peuvent refuser la prise en charge, surtout si le conducteur choisit de rouler sans assurance.

Rouler prudemment ne signifie pas rouler lentement, mais rouler intelligemment. Les technologies modernes, comme les régulateurs de vitesse adaptatifs, alertes de collision ou systèmes de freinage automatique, aident, mais elles ne remplacent pas le bon sens. L’économie d’essence obtenue derrière un camion ne compensera jamais le coût d’un accident ou d’une blessure.

Voici un tableau qui résume les conséquences selon la distance respectée :

Situation	Responsabilité en cas d’accident	Conséquence pour l’assurance
Distance respectée	Partagée selon les circonstances	Franchise normale
Distance insuffisante	Conducteur suiveur responsable	Malus automatique

Les experts rappellent enfin que les comportements à risque sont évitables. Une conduite stable, un entretien régulier et une anticipation des trajets offrent bien plus d’avantages que l’aspiration d’un camion. Rouler économiquement, c’est avant tout connaître les bonnes pratiques et les appliquer chaque jour.