Que faire si vous trouvez un obus dans votre jardin ?
- Le territoire français, du fait des guerres passées, contient un stock massif de munitions non explosées sous terre, nécessitant potentiellement trente siècles de travail pour être complètement retiré.
- Le Ministère de l’Intérieur confirme la gravité du risque en rappelant que plus de 35 millions d’engins de guerre ont été neutralisés par les démineurs depuis 1945.
- Malgré ces décennies d’efforts, les démineurs collectent et détruisent toujours plus de 450 tonnes de munitions explosives chaque année, souvent découvertes lors de travaux.
- Cette menace est malheureusement concrète, car les accidents impliquant ces engins de guerre résiduels sont responsables d’une dizaine de décès et de plus d’une centaine de blessés annuellement.
Imaginez ce jour d’avril. Vous êtes un couple ou un habitant et vous découvrez une arme enfouie. Un article récent raconte l’exemple d’un gendarme en Haute-Saône. Cette situation, qui semble tout droit sortie d’un film, arrive bien plus souvent qu’on ne le croit en France. Lisez ces consignes et découvrez les étapes précises à suivre pour sécuriser les lieux et signaler cette munition explosée.
Pourquoi y’a-t-il encore des obus dans nos jardins ?
Le dernier article publié en février ou novembre dernier le confirme : après la première guerre mondiale, la politique de nettoyage n’a pas suffi. Du Haut-Rhin à la Normandie, en passant par le centre du pays, notre territoire regorge de munitions oubliées. On estime qu’il faudra environ trente siècles pour venir à bout de tout ce stock enfoui sous nos pieds.
Pour vous donner une idée de la persistance de ce risque, le ministère de l’Intérieur rappelle que depuis 1945, ce sont plus de 35 millions d’obus et engins divers qui ont été neutralisés ou détruits sur le territoire national. Chaque année, les démineurs continuent de collecter et de détruire plus de 450 tonnes d’engins explosifs. Ces chiffres sont la preuve que la vigilance est de mise, car les accidents liés aux engins résiduels de guerre font chaque année une dizaine de morts et plus d’une centaine de blessés.
Les phénomènes d’érosion, les travaux de terrassement ou simplement le jardinage font régulièrement remonter ces témoins du passé à la surface. Identifier correctement l’objet est la première étape pour évaluer le danger sans pour autant s’exposer inutilement.
Comment identifier un obus ?
Il est parfois difficile de distinguer un simple déchet ferreux d’un engin explosif, surtout après plusieurs décennies passées sous terre. L’objet se présente souvent sous une forme cylindrique assez caractéristique. Le métal est généralement très rouillé, couvert de terre ou de concrétions calcaires. Observez bien, sans jamais le toucher, si vous distinguez une tête plus effilée ou un culot plat. La taille peut varier considérablement, allant de la petite grenade à main à l’obus d’artillerie massif mesurant plusieurs dizaines de centimètres.

Restez vigilant car ces engins peuvent sembler inoffensifs. Pourtant, même rouillés, ils conservent tout leur potentiel destructeur. Certains peuvent laisser échapper un liquide ou une fumée, signe d’une instabilité chimique grave. Si vous apercevez une fumée blanche, éloignez-vous encore plus vite, car il pourrait s’agir de phosphore, une substance hautement toxique et incendiaire qui s’enflamme au contact de l’air. Ne vous fiez jamais à l’aspect extérieur pour juger de la dangerosité.
Quels outils utiliser pour l’identification ?
Si vous avez un doute sur la nature de l’objet, l’idéal reste l’observation visuelle à distance. Certains particuliers possèdent un détecteur de métaux et l’utilisent pour confirmer la présence de métal. Toutefois, l’usage de cet outil demande une extrême prudence. Si le détecteur s’affole, n’insistez pas et ne creusez surtout pas pour dégager l’objet. Le simple fait de heurter la munition avec une pelle ou une pioche peut suffire à déclencher le mécanisme de mise à feu.
Rappelez-vous que la pratique de la pêche à l’aimant, bien que populaire sur certaines plateformes vidéo, est strictement interdite dans de nombreux département par arrêté préfectoral. Cette activité comporte des risques majeurs, car l’aimant peut remonter une grenade dégoupillée ou un obus fragilisé. Si vous utilisez un aimant et qu’il se colle à une munition, ne tentez jamais de le décrocher. La partie métallique pourrait se désolidariser, provoquant une explosion. Remettez doucement l’ensemble à l’eau et appelez les forces de l’ordre.
Quelles actions immédiates prendre ?
La découverte d’un engin de guerre place instantanément la sécurité au cœur de vos priorités. La règle d’or est simple : ne touchez à rien. C’est souvent l’acte humain, la manipulation ou le déplacement de l’objet, qui provoque l’accident. Une munition qui a dormi soixante-dix ans dans le sol a trouvé un équilibre précaire. Le simple fait de la bouger ou de l’exposer brutalement à l’air peut réactiver la corrosion interne et déclencher la charge explosive.
Quelles précautions prendre ?
Éloignez-vous immédiatement et sécurisez la zone. Il faut empêcher physiquement l’accès au lieu de la découverte. Si vous avez des enfants ou des animaux domestiques, rentrez-les à l’intérieur de la maison sans attendre. Balisez grossièrement le périmètre avec ce que vous avez sous la main, comme un seau retourné posé à distance raisonnable ou un ruban de signalisation, pour matérialiser le danger.

Si l’objet a été trouvé dans un champ ou un jardin, laissez impérativement les buttes de terre qui l’entourent. Elles peuvent servir d’écran partiel en cas de détonation. Surtout, restez discret. Il est inutile et même dangereux d’ameuter tout le quartier. La curiosité est un vilain défaut qui peut pousser vos voisins à s’approchent trop près pour voir la trouvaille, augmentant ainsi le nombre de victimes potentielles en cas d’incident. Votre responsabilité pourrait être engagée si un accident survenait suite à un défaut de sécurisation de votre partie.
Voici les consignes à suivre immédiatement :
- Éloignez-vous sans manipuler l’objet
- Établissez un périmètre de sécurité
- Laissez les buttes de terre autour de l’objet
- Restez discret pour ne pas attirer les curieux
- Prenez une photo de l’objet montrant la tête et le bas, ainsi que sa taille
Comment alerter les autorités compétentes ?
Une fois en sécurité, contactez immédiatement la mairie ou le service de déminage via les forces de l’ordre. Le réflexe doit être d’appeler le 17 (police ou gendarmerie) ou le 112. Décrivez avec précision ce que vous avez vu : la taille approximative, la forme, la couleur et l’emplacement exact. Si possible, donnez les coordonnées GPS. Ces informations permettront aux services de secours d’évaluer le degré d’urgence.
En cas d’urgence avérée, comme si l’objet fume ou se situe à proximité d’un lieu sensible comme une école ou un hôpital, l’appel à la préfecture doit être immédiat. Les services de police et de gendarmerie peuvent également saisir directement la préfecture. Le maire de votre commune dispose des pouvoirs de police nécessaires pour prendre les mesures conservatoires et transmettra la demande d’intervention au service compétent via l’hôtel de ville. N’apportez jamais l’objet au commissariat ou à l’hôtel de ville, vous mettriez en danger la vie de nombreuses personnes.
Le service de déminage prendra contact rapidement avec vous pour donner des instructions, comme de recouvrir l’objet de sable ou de terre avant leur arrivée.
Pourquoi contacter un démineur ?
Beaucoup de gens hésitent à appeler les autorités par peur de devoir payer l’intervention ou d’avoir des ennuis avec la justice. Rassurez-vous, l’intervention des démineurs de la Sécurité civile est entièrement gratuite pour les particuliers. Il s’agit d’une mission de service public visant à protéger la population. Les démineurs sont des professionnels hautement qualifiés, formés pour gérer ces situations périlleuses que le commun des mortels ne maîtrise pas.
Le déminage est un métier extrêmement précis. Même si la munition est enterrée depuis la première ou la seconde guerre mondiale, elle est dangereuse. Le risque est l’explosion, l’intoxication par gaz toxique ou même la fuite d’un produit incendiaire. L’explosion d’une grenade peut tuer dans un rayon de cinquante mètres, tandis qu’un gros obus peut avoir des conséquences dans un périmètre d’un kilomètre. L’homme est souvent la cause de la détonation.
Quelle est la procédure de déminage ?
Les démineurs inspectent, sécurisent et neutralisent l’engin. À leur arrivée, ou sur base des photos que vous aurez transmises (en prenant soin de photographier la tête et le bas de l’objet), ils évaluent la dangerosité de la munition. Ils déterminent si l’objet peut être déplacé pour être détruit dans un centre spécialisé ou s’il doit être neutralisé sur place. Le service apprécie l’urgence pour intervenir, car il compte des milliers d’opérations chaque année en France.
Les délais peuvent varier. Si l’urgence est avérée, l’équipe intervient très rapidement. Pour des cas moins critiques, comme un obus stocké dans une cave depuis des mois sans manipulation, l’intervention peut être planifiée plusieurs semaines plus tard. Le centre de déminage organise ses tournées par secteur géographique et par priorité. Parfois, ils vous demanderont de recouvrir l’objet de sable ou de terre en attendant leur passage, notamment pour limiter les risques liés aux écarts de température.
| Type d’engin | Danger principal | Période d’intervention (indicatif) |
| Obus fumant (phosphore) | Intoxication, auto-inflammation | Urgence absolue (heures) |
| Obus découvert lors de travaux | Explosion par choc | Urgence selon proximité des enjeux |
| Munition stockée/stable | Risque différé | Délai de planification (semaines) |
Quelles sont les erreurs courantes à éviter ?
Voici les erreurs à ne jamais commettre après la découverte d’une munition :
- Vouloir garder l’objet en souvenir ou pour décorer sa cheminée : C’est l’erreur la plus fatale, car c’est illégal et terriblement dangereux. Une grenade apparemment inerte peut exploser des décennies plus tard.
- Tenter de nettoyer, gratter ou démonter l’objet : Ne tentez jamais de nettoyer l’objet, de le gratter pour voir les inscriptions ou de le démonter.
- Déplacer ou désamorcer l’obus : Ne jamais déplacer l’obus ou tenter de le désamorcer soi-même. Ne le jetez surtout pas à la poubelle ou en déchetterie, car les agents de tri et les broyeurs mécaniques seraient directement exposés à une explosion mortelle.
- Stocker l’engin dans votre véhicule : Ne laissez pas l’objet dans votre voiture en attendant de savoir quoi en faire. Si vous trouvez une fusée de détresse (fumigène ou feu à main), sachez qu’il faut la déposer dans un magasin d’accastillage.
- Ignorer les conséquences sur l’assurance : En tant que client, ayez conscience que votre assurance habitation classique comporte souvent une exclusion de garantie pour les dommages causés par des engins de guerre, sauf dans le cadre spécifique d’un attentat. L’article L172-16 du code des assurances stipule l’exclusion des dommages causés par “mines et tous engins de guerre”. Si vous manipulez l’objet et qu’il explose, détruisant une partie de votre maison, l’indemnisation sera très compromise. La prudence est donc votre meilleure protection. Respectez ces instructions, laissez faire les professionnels et considérez cet événement non pas comme une contrainte, mais comme une situation rare qui mérite toute votre attention pour que la fin de la journée se passe bien.
Cet article a été rédigé à titre purement informatif. Les garanties et situations décrites sont susceptibles de ne pas être incluses dans l’offre d’assurance Leocare. Pour en savoir plus sur nos produits d’assurance, nous vous invitons à vous rendre sur cette page.
Résumer cet article avec :
Je découvre quel tarif Leocare me propose !
Obtenir un devis