- Le Budget 2026 prévoit une réduction progressive des avantages fiscaux sur le Superéthanol-E85, provoquant une hausse estimée entre 40 et 50 centimes par litre, avec un impact potentiel sur tous les carburants, essence comme diesel.
- Le gouvernement justifie cette mesure par une volonté d’harmoniser la fiscalité énergétique, mais elle pourrait fragiliser une filière française locale et bas carbone, tout en réduisant le pouvoir d’achat des automobilistes.
- Les acteurs du bioéthanol dénoncent une décision injuste et contre-productive, rappelant qu’elle pénalise un carburant plus propre, fabriqué en France, et qu’elle pourrait raviver la colère sociale née des taxes sur le carburant.
- Cette réforme s’inscrit dans une fiscalité automobile plus large, incluant un durcissement du malus CO₂ et du malus au poids, révélant la difficulté du gouvernement à concilier transition écologique et équilibre budgétaire.
Les automobilistes français pensaient avoir soufflé après les hausses successives des prix à la pompe. Mauvaise nouvelle : le projet de loi de finances pour 2026 prévoit une nouvelle taxe sur les carburants, qui risque de changer la donne. Le gouvernement compte réduire les avantages fiscaux du Superéthanol-E85, un carburant jusqu’ici plébiscité pour son prix bas et sa production locale. Une mesure qui pourrait faire grimper le coût du plein pour des millions de conducteurs.
La réforme fiscale qui bouleverse le budget automobile
Le gouvernement a présenté son projet de loi de finances pour 2026 avec un objectif clair : revoir la fiscalité énergétique et supprimer certains avantages accordés aux biocarburants. Deux carburants sont visés : le B100, un biogazole à base de colza utilisé dans le transport routier et ferroviaire, et surtout le Superéthanol-E85, produit en grande partie à partir de betteraves françaises. Cette réduction d’avantage fiscal s’étalerait entre 2026 et 2028.
Cette décision n’est pas anodine. L’État cherche à augmenter ses recettes tout en alignant les taxes sur les carburants alternatifs avec celles des carburants classiques. Mais ce choix interroge, car il touche un carburant populaire pour son faible impact environnemental et son coût abordable. Le projet inclut également un renforcement du malus CO₂ et un malus au poids pour les véhicules lourds, preuve que la réforme s’inscrit dans une vision plus large de la fiscalité automobile. Avant d’analyser la nouvelle hausse du Superéthanol, il serait aussi intéressant de comprendre aussi le durcissement du malus auto prévu en 2026.
L’E85 : un carburant économique et produit en France
Le Superéthanol-E85 a conquis de nombreux conducteurs. Utilisable sur les voitures flexifuel ou grâce à un boîtier de conversion, il coûte beaucoup moins cher que le sans-plomb classique. En octobre 2025, son prix moyen était de 0,71 euro le litre, contre 1,68 euro pour le SP95-E10. Une différence qui fait réfléchir quand on roule beaucoup.
Pour un automobiliste parcourant 13 000 kilomètres par an, le gain atteint environ 700 euros par rapport à une voiture essence classique. Autrement dit, l’E85 a offert une bouffée d’oxygène à de nombreux foyers face à la flambée des prix des carburants.
Mais avec la réduction progressive des avantages fiscaux, cet équilibre risque d’être bouleversé. Les calculs des acteurs du secteur sont sans appel : le litre d’E85 pourrait grimper jusqu’à 1,20 euro. De quoi freiner les automobilistes séduits par ce carburant plus vert et moins coûteux. Certaines associations craignent même que le gouvernement n’étende la mesure à d’autres carburants comme le E10, ce qui amplifierait encore l’impact pour les automobilistes.
Des conséquences économiques pour tous les conducteurs
La hausse des taxes sur l’E85 ne toucherait pas seulement les utilisateurs directs de ce biocarburant. Selon les estimations, si la hausse était répartie sur l’ensemble des carburants, les prix du sans-plomb pourraient augmenter de 2,3 centimes par litre. Cela représenterait une facture plus lourde pour les 16 millions de Français qui roulent à l’essence. Et à plus long terme, le diesel pourrait aussi être concerné.
Même ceux qui n’ont jamais fait le plein d’E85 pourraient sentir passer la hausse. Les distributeurs ajustent souvent leurs tarifs en fonction de l’ensemble du marché. Cette mesure pourrait donc entraîner un effet domino sur l’ensemble des prix à la pompe. Elle s’ajouterait aux effets attendus du malus CO₂ et du malus au poids, qui renchériront le coût des véhicules les plus lourds et polluants. Avant de juger la rentabilité du thermique, il faut aussi comparer le coût entre voiture électrique et voiture thermique pour savoir laquelle reste la plus avantageuse.
La colère de la filière bioéthanol face à la mesure
Les producteurs et défenseurs de l’E85 n’ont pas tardé à réagir. La Collective du bioéthanol dénonce une mesure injuste et contre-productive, rappelant qu’elle pénalise un carburant bas carbone et local. Leur argument est simple : taxer davantage un carburant plus propre revient à freiner la transition écologique.
Voici les principales critiques formulées par la filière :
- Une hausse des prix injustifiée, qui viendrait fragiliser un carburant bas carbone produit en France.
- Une atteinte directe à la compétitivité des agriculteurs, notamment les producteurs de betteraves.
- Un risque de décourager les automobilistes ayant déjà investi dans un boîtier de conversion E85.
- Un mauvais signal pour la transition écologique, à l’heure où la France cherche à réduire ses émissions.
Selon les représentants du secteur, le gouvernement envoie un signal négatif aux automobilistes et à la filière. Après les efforts consentis pour développer une production locale et durable, cette taxe risque de décourager les initiatives vertes et fragiliser les producteurs agricoles. Certains rappellent même le souvenir du mouvement des gilets jaunes, né d’une hausse des taxes sur les carburants. Et ils craignent que cette décision ne rallume la colère des conducteurs. Le contexte social rappelle aussi à quel point la voiture est devenue un luxe pour de nombreux Français.
Un climat social sous tension
Depuis 2018, les pouvoirs publics avancent avec prudence sur la question des taxes énergétiques. Le gel des taxes après la crise des gilets jaunes avait calmé les tensions. Relancer une hausse, même partielle, pourrait rallumer la mèche. Car pour beaucoup, l’E85 symbolise une alternative économique et écologique à portée de main.
Dans un contexte où le coût de la vie pèse sur les ménages, toucher au carburant le plus abordable du marché est un pari risqué. Et avec lui, la confiance des automobilistes envers les politiques publiques en matière de mobilité durable. Les hausses du prix du carburant ne sont pas les seules à inquiéter les conducteurs, puisque les prix des assurances auto augmentent chaque année.
Une écologie qui coûte plus qu’elle ne rapporte ?
Officiellement, la réforme vise à rationaliser la fiscalité et à réduire les dépenses fiscales. Mais sur le terrain, elle pourrait freiner la transition vers des carburants plus propres. L’E85 est produit localement, génère moins d’émissions de CO₂ et soutient l’agriculture française. En réduisant ses avantages, le gouvernement risque paradoxalement de favoriser les carburants fossiles plus polluants.
Le risque est donc double : un recul écologique et un impact économique négatif. Moins d’automobilistes se tourneraient vers l’E85, mettant à mal une filière pourtant en plein essor. L’I4CE, un institut spécialisé dans l’économie du climat, souligne d’ailleurs que les politiques budgétaires doivent mieux intégrer la dimension écologique pour ne pas freiner les investissements climat. Avant d’envisager d’acheter un véhicule d’occasion, il vaut mieux connaître les impacts du malus écologique qui pourrait bientôt concerner ce type de voiture.
Des automobilistes désabusés face aux hausses annoncées
Pour les conducteurs déjà équipés de boîtiers de conversion, la nouvelle passe mal. Ils avaient investi pour rouler plus propre et moins cher, mais cet effort semble aujourd’hui remis en cause. Beaucoup s’interrogent : faut-il encore croire aux promesses d’un carburant vert soutenu par l’État ?
Cette incertitude pourrait ralentir les conversions futures. Les garages installant des boîtiers E85 pourraient voir leur activité diminuer, entraînant un effet domino sur toute la filière.
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