Attention aux appels commençant par +44 : l’arnaque “à la tâche” expliquée

Vous avez reçu un appel d’un numéro étranger récemment ? Si l’indicatif commence par +44, méfiance ! Ce numéro, qui semble venir du Royaume-Uni, cache parfois une arnaque bien huilée. Au bout du fil, un prétendu recruteur vous propose des tâches simples en échange d’un salaire attrayant. Mais attention : derrière cette promesse se cache une escroquerie internationale appelée “arnaque à la tâche”.

Une mécanique bien rodée au service de la fraude

L’escroquerie commence souvent par un appel d’un automate ou d’un agent vous invitant à effectuer des tâches faciles : regarder une vidéo, liker un message, noter un hôtel. En retour, vous recevez un paiement, souvent en cryptomonnaie. Au début, tout semble fonctionner : les tâches sont simples, les premières rémunérations tombent, et la confiance s’installe.

Puis, l’engrenage s’enclenche. Les fraudeurs vous proposent des missions plus complexes et mieux rémunérées. Mais pour y accéder, une condition : avancer de l’argent. C’est ici que le piège se referme. Les paiements cessent, les contacts disparaissent, et la victime réalise qu’elle a été flouée. Ce scénario, répété à grande échelle, a déjà fait perdre plus de 100 millions d’euros à des milliers de personnes dans le monde.

Pourquoi cette escroquerie fonctionne-t-elle aussi bien ? Parce qu’elle s’appuie sur des leviers psychologiques puissants : la promesse d’un gain rapide, l’illusion de contrôle grâce aux premières missions réussies, et la faiblesse du montant initial demandé. De petites sommes qui, multipliées par des milliers de victimes, génèrent des fortunes pour les escrocs.

Un phénomène que l’on observe aussi dans des variantes numériques, où l’intelligence artificielle est détournée à des fins frauduleuses pour créer des arnaques de plus en plus convaincantes.

Une organisation mafieuse bien structurée

Derrière ces appels se cachent des groupes criminels organisés, basés principalement en Asie du Sud-Est, notamment en Birmanie, au Laos et au Cambodge. Ils orchestrent ces escroqueries à grande échelle, avec des moyens logistiques impressionnants. Pire encore, certains centres d’appels sont tenus par des travailleurs exploités, parfois sous contrainte, originaires d’Inde, du Kenya ou d’Ouganda. Des témoignages évoquent des conditions proches de l’esclavage moderne.

Ces réseaux utilisent également une technique redoutable : le spoofing. Elle permet d’afficher un faux numéro sur votre téléphone. Ainsi, même si l’appel semble provenir du Royaume-Uni (+44), il peut en réalité émaner d’un autre pays. Cette manipulation renforce l’apparence de légitimité et trompe plus facilement les cibles.

Autre point préoccupant : l’origine des données utilisées pour vous contacter. De nombreuses attaques informatiques, survenues en 2024 chez des entreprises comme Free, SFR ou Boulanger, ont conduit à des fuites massives de données personnelles. Revendues sur le dark web, ces informations permettent aux escrocs de personnaliser leurs appels : ils peuvent vous appeler par votre prénom ou évoquer des services que vous utilisez réellement. Cette approche ciblée augmente l’efficacité de la fraude.

Comment réagir et se protéger ?

La première règle est simple : méfiez-vous des appels internationaux dont vous ne reconnaissez pas l’origine. Un numéro avec l’indicatif +44, +31 ou autre zone inhabituelle doit immédiatement éveiller votre vigilance. Voici quelques réflexes essentiels :

• Ne décrochez pas ces appels, et ne rappelez jamais un numéro suspect.
• Ne partagez aucune information personnelle ou bancaire par téléphone.
• Bloquez immédiatement tout numéro douteux.
• Installez une application anti-spam capable de filtrer automatiquement les appels frauduleux.

Ces réflexes sont d’autant plus importants que les escrocs utilisent souvent une combinaison de canaux : appels, SMS, e-mails… Le tout avec des méthodes de plus en plus fines, comme nous l’évoquons dans notre guide sur les appels, mails et SMS frauduleux.

Outre la perte financière, ces arnaques peuvent exposer vos données à des reventes ou usurpations. Certaines victimes ont vu leurs comptes bancaires débités, ou ont été inscrites à leur insu à des services payants. La vigilance est donc cruciale à chaque étape.

Que font les autorités ?

Face à cette menace, les initiatives se multiplient. Les opérateurs téléphoniques développent des systèmes de blocage automatique des appels suspects. Les gouvernements lancent des campagnes de sensibilisation via des plateformes comme Cybermalveillance.gouv.fr. Des collaborations européennes cherchent à identifier les réseaux criminels et à bloquer les numéros à grande échelle.

Mais les fraudeurs s’adaptent vite : ils changent fréquemment de numéros ou utilisent de nouveaux indicatifs, comme le +31 (Pays-Bas), pour éviter les filtres. C’est pourquoi l’information reste votre meilleure défense. Une bonne gestion des appels indésirables peut aussi passer par des outils adaptés : voici notre solution pour bloquer efficacement les appels spam si vous êtes régulièrement ciblé.

Que faire si vous êtes tombé dans le piège ?

Pas de panique, mais agissez vite. Si vous avez versé de l’argent ou communiqué des informations sensibles, chaque minute compte. Voici les démarches à suivre :

• Contactez immédiatement votre banque pour faire opposition sur les paiements et surveiller les mouvements suspects. Certaines transactions peuvent être annulées ou contestées rapidement si elles sont signalées à temps.
• Changez vos mots de passe sur tous les comptes importants (banques, messagerie, réseaux sociaux) si vous les avez utilisés dans un contexte lié à l’arnaque.
• Signalez l’escroquerie sur la plateforme www.cybermalveillance.gouv.fr pour obtenir assistance et conseils.
• Déposez plainte auprès de la police ou de la gendarmerie. Même si cela peut sembler dérisoire, chaque signalement compte pour faire avancer les enquêtes.
• Prévenez vos proches pour éviter qu’ils ne tombent dans le même piège, surtout s’ils utilisent vos coordonnées dans leurs propres échanges.

Ne restez pas isolé : vous n’êtes pas seul face à ce type de fraude. Des dispositifs existent pour vous accompagner, et plus vous agissez tôt, plus vous avez de chances de limiter les conséquences.

Avant de partir

Ne répondez jamais à un appel suspect provenant de l’étranger, même par curiosité. Sensibilisez vos proches à ces nouvelles méthodes de fraude. Et en cas de doute, consultez des sites officiels comme cybermalveillance.gouv.fr ou 33700.fr pour signaler un numéro ou obtenir de l’aide. Mieux vaut prévenir que guérir… surtout quand il s’agit de votre sécurité et de vos données personnelles.

Et si vous avez été victime d’un appel en absence suspect ou très court, une forme discrète d’arnaque au “ping call” pourrait en être la cause. Là encore, mieux vaut s’informer.